Planification et ordonnancement : anticipation et exécution de la production industrielle

Le 06/06/2025

Quand le plan rencontre la réalité pour maîtriser sa production industrielle de bout en bout

 

Ordonnancement et planification, deux piliers complémentaires de la performance opérationnelle

Les industriels sont soumis à des contraintes croissantes de compétitivité, de délais et de flexibilité c’est pourquoi la maîtrise des processus de planification et d’ordonnancement devient essentielle. Si ces 2 notions ont étroitement liées, elles répondent à des enjeux différents et opèrent sur des horizons temporels distincts. Il est donc important de bien comprendre leur complémentarité afin de piloter efficacement la production.

 

La planification : une vision stratégique et tactique

 

Qu’est-ce que la planification ?

 

La planification de la production consiste à déterminer quoi produire, en quelle quantité, à quel moment, et avec quelles ressources. Elle s’inscrit dans un horizon moyen à long terme.

Elle s’inscrit dans un horizon de quelques semaines à plusieurs mois, voire années, selon la nature de l’activité (industrie de process, production discrète, sur stock ou à la commande). Elle permet d’anticiper les besoins et de coordonner l’ensemble des fonctions (production, approvisionnement, logistique, ressources humaines…) autour d’un plan commun.

Plus qu’une simple projection, la planification est un levier de pilotage stratégique : elle assure une cohérence entre les objectifs stratégiques de l’entreprise et ses capacités opérationnelles disponibles. Elle articule la vision à long terme avec la réalité du terrain, dans un contexte de plus en plus complexe, volatil et incertain.

objectif planification de la production

Pourquoi faut-il une planification de la production ?

 

Les objectifs de la planification sont multiples et interdépendants, ils répondent à la nécessité d’un pilotage global de la chaîne de valeur industrielle :

 

  • Répondre à la demande prévisionnelle : issue du Plan Industriel et Commercial (PIC), cette demande agrégée doit être convertie en programmes de production réalistes et réalisables, en tenant compte des contraintes internes et externes.
  • Allouer les capacités de production de façon optimale : la planification vise à maximiser l’utilisation des ressources (machines, équipes, ateliers) tout en évitant les surcharges ou les sous-utilisations.
  • Anticiper les besoins en ressources : matières premières, composants, main-d’œuvre qualifiée, outils de production… La planification permet d’ajuster les approvisionnements et les ressources humaines en amont, évitant ainsi les ruptures ou les coûts liés à l’urgence.
  • Réduire les coûts globaux : en minimisant les stocks, les temps d’attente, les changements de série ou les heures supplémentaires, la planification contribue directement à la performance économique.
  • Améliorer le service client : en garantissant une meilleure fiabilité des délais, elle renforce la satisfaction client et la compétitivité industrielle.
2.3 Types de planification La planification s'articule autour de plusieurs niveaux hiérarchiques et temporels. Chacun d’eux joue un rôle complémentaire dans la cohérence globale du système industriel : • Plan Industriel et Commercial (PIC) : c’est l’outil de pilotage stratégique par excellence. Il permet de concilier la demande prévisionnelle (marketing, commerce) et les capacités globales de l’entreprise. Élaboré sur un horizon de 6 à 18 mois, le PIC vise à équilibrer charge et capacité de manière agrégée (par famille de produits, unités d’affaires, etc.). • Plan Directeur de Production (PDP) : traduction opérationnelle du PIC, le PDP affine la planification sur un horizon de 3 à 6 mois, en précisant quoi produire et quand, par produit fini ou article. Il sert de base au lancement des ordres de fabrication et permet un pilotage plus fin de la production à court terme. • Calcul des Besoins Nets (CBN ou MRP) : basé sur les ordres issus du PDP, le CBN détermine les besoins en composants, matières premières et sous-ensembles, en tenant compte des stocks existants, des délais fournisseurs et des nomenclatures produits. Il constitue l’interface avec la gestion des approvisionnements et l’ordonnancement.

Les différents types de planification

La planification s’articule autour de plusieurs niveaux hiérarchiques et temporels. Chacun d’eux joue un rôle complémentaire dans la cohérence globale du système industriel :

 

  • Plan Industriel et Commercial (PIC) : c’est l’outil de pilotage stratégique par excellence. Il permet de concilier la demande prévisionnelle (marketing, commerce) et les capacités globales de l’entreprise. Élaboré sur un horizon de 6 à 18 mois, le PIC vise à équilibrer charge et capacité de manière agrégée (par famille de produits, unités d’affaires, etc.).
  • Plan Directeur de Production (PDP) : traduction opérationnelle du PIC, le PDP affine la planification sur un horizon de 3 à 6 mois, en précisant quoi produire et quand, par produit fini ou article. Il sert de base au lancement des ordres de fabrication et permet un pilotage plus fin de la production à court terme.
  • Calcul des Besoins Nets (CBN ou MRP) : basé sur les ordres issus du PDP, le CBN détermine les besoins en composants, matières premières et sous-ensembles, en tenant compte des stocks existants, des délais fournisseurs et des nomenclatures produits. Il constitue l’interface avec la gestion des approvisionnements et l’ordonnancement.

L’ordonnancement : l’exécution opérationnelle au quotidien

 

Définition de l’ordonnancement

 

L’ordonnancement (ou scheduling) est l’étape clé de la mise en œuvre des plans de production. Il consiste à organiser de manière détaillée et chronologique l’enchaînement des opérations de fabrication sur un horizon très court terme – typiquement de quelques heures à quelques jours.

Son rôle est de transformer les plans issus du Plan Directeur de Production (PDP) en instructions concrètes, précisant quoi produire, où, quand et avec quelles ressources. Il prend en compte un ensemble complexe de contraintes opérationnelles : disponibilité des machines, affectation des opérateurs, temps de changement de série, maintenance, délais clients, priorités urgentes, etc.

L’ordonnancement est donc au cœur du pilotage temps réel de l’atelier : il arbitre en permanence entre efficacité, réactivité et robustesse face aux aléas quotidiens.

l'ordonnancement avec un APS

Les objectifs de l’ordonnancement

 

L’ordonnancement vise à atteindre un équilibre entre performance industrielle et respect des engagements client. Ses principaux objectifs sont :

 

  • Optimiser l’utilisation des ressources : maximiser le taux d’utilisation des machines et des opérateurs, en réduisant les temps d’arrêt, les transitions et les pertes de charge.
  • Réduire les temps d’attente et les en-cours : en limitant les files d’attente entre les postes, l’ordonnancement améliore les flux, diminue les encours et raccourcit les cycles de production.
  • Respecter les délais de livraison client : en maîtrisant les dates de lancement et les durées d’exécution, il contribue directement à la fiabilité des engagements pris.
  • Éviter les goulets d’étranglement : en identifiant les ressources critiques, il permet d’anticiper les congestions et de lisser la charge, voire de proposer des alternatives (sous-traitance, replanification).
  • Réagir aux aléas : l’ordonnancement doit également offrir une capacité de reconfiguration rapide en cas d’incident machine, d’absence, de changement de priorité ou de retard fournisseur.
objectifs de l'ordonnancement

Les méthodes d’ordonnancement

 

L’ordonnancement repose sur des règles de priorité et des algorithmes spécifiques, adaptés à la nature du système de production (atelier en ligne, flexible, en îlots, à la commande, etc.).

 

Méthodes simples ou conventionnelles :

 

  • FIFO (First In, First Out) : priorité à la première commande arrivée. Simple mais peu optimal en cas de contraintes fortes.
  • LIFO (Last In, First Out) : l’inverse du FIFO, rarement utilisé dans les environnements sensibles aux délais.
  • EDD (Earliest Due Date) : priorité à la commande dont la date d’échéance est la plus proche. Efficace pour minimiser les retards.
  • SPT (Shortest Processing Time) : priorité aux opérations les plus courtes. Permet de réduire les temps moyens de passage.

 

Méthodes avancées d’ordonnancement:

 

  • Heuristiques ou algorithmes génétiques : pour les environnements complexes (type job shop, flow shop), où les séquences d’opérations varient selon les produits. Ces méthodes cherchent des « bonnes » solutions sans forcément garantir l’optimum, mais en un temps de calcul raisonnable.
  • APS (Advanced Planning and Scheduling) : des logiciels d’ordonnancement avancés capables d’intégrer en temps réel les contraintes multiples et les aléas, en simulant différents scénarios. C’est ce que propose la solution DELMIA Ortems de Dassault Systèmes qui permet un ordonnancement dynamique, multi-ressources et multi-niveaux. Les logiciels APS sont souvent couplé à un MES (Manufacturing Execution System) ou un ERP.

 

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Complémentarité et interdépendance entre planification et ordonnancement

 

La planification et l’ordonnancement ne s’opposent pas, mais se complètent dans une logique de pilotage de bout-en-bout de la production. La planification alimente l’ordonnancement, qui en retour fournit des données réelles (retards, aléas) nécessaires à la révision dynamique de la planification.

 

Une planification fiable facilite un ordonnancement efficace ; à l’inverse, un ordonnancement réactif permet d’ajuster en continu la planification aux réalités du terrain.

Critère

Planification

Ordonnancement

Horizon temporel

Moyen à long terme (semaines à mois, voire années)

Court terme (jours, heures, temps réel)

Finalité

Définir une trajectoire globale alignée avec les objectifs de l’entreprise

Exécuter le plan en pilotant les opérations au quotidien

Niveau de détail

Agrégé (familles de produits, charges globales)

Détaillé (opérations par machine, ordre de passage)

Entrées principales

Demande prévisionnelle, capacités globales, stocks

Ordres de fabrication, ressources disponibles, priorités de production

Sorties

Programme directeur, besoins nets, charge/capacité

Séquence d’opérations, affectation machine-opérateur

Outils associés

PIC, PDP, CBN, ERP

MES, APS, algorithmes de scheduling, règles de priorité

Contraintes prises

en compte

Capacités théoriques, délais standard, niveaux de service

Contraintes réelles : indisponibilités, maintenance, retards, aléas quotidiens

Objectifs principaux

Optimisation globale, anticipation, alignement stratégique

Réactivité, efficacité opérationnelle, respect des délais

Fréquence de mise à jour

Périodique (mensuelle, hebdomadaire)

Continue, en temps réel ou plusieurs fois par jour

Interdépendance

Fournit le cadre et les ressources nécessaires à l’ordonnancement

Doit respecter et ajuster le plan établi selon les réalités du terrain

complementarité Planification et ordonnancement

Les conséquences d’une mauvaise coordination entre planification et ordonnancement

Une mauvaise coordination entre la planification et l’ordonnancement peut avoir des conséquences lourdes, à la fois opérationnelles, économiques et stratégiques.

 

Voici les principaux risques et impacts, organisés par domaines :

 

Conséquences opérationnelles

 

  • Désynchronisation des ressources : Les machines, opérateurs ou matières ne sont pas disponibles au moment prévu, entraînant des interruptions ou des attentes.
  • Surcharge ou sous-utilisation : Des pics de charge imprévus ou des périodes creuses mal anticipées nuisent à la productivité et à la stabilité des équipes.
  • Allongement des délais de fabrication : Des retards en atelier dus à une mauvaise priorisation entraînent des décalages en chaîne.
  • Augmentation des en-cours : Le manque de fluidité entre les postes génère des files d’attente et gonfle les en-cours, ce qui ralentit les flux.
  • Difficulté à gérer les aléas : En l’absence de coordination, les imprévus (panne, absence, urgence client) se propagent et désorganisent l’ensemble de la production.

 

Conséquences économiques

 

  • Surcoûts de production : Heures supplémentaires, recours à des sous-traitants, gâchis de matières premières… autant de coûts évitables.
  • Dépassement des budgets logistiques : Stock de sécurité augmenté, expéditions urgentes, retours clients…
  • Baisse du taux de rendement global (TRG) : Les ressources sont mal utilisées, ce qui réduit le retour sur investissement des équipements industriels.
  • Pertes commerciales indirectes : Moins de flexibilité pour répondre à la demande, moins de réactivité face aux opportunités.

 

Conséquences sur la performance client et la qualité

 

  • Non-respect des délais de livraison : Les clients reçoivent leurs commandes en retard, nuisant à leur propre chaîne d’approvisionnement.
  • Détérioration du service client : Le manque de fiabilité engendre insatisfaction, perte de confiance, voire résiliation de contrats.
  • Qualité dégradée : Le stress opérationnel et la précipitation augmentent le risque d’erreurs et de non-conformités.

 

Conséquences stratégiques

 

  • Perte d’agilité industrielle : L’entreprise devient rigide, incapable de s’adapter rapidement à une nouvelle demande ou à une crise.
  • Déconnexion entre stratégie et exécution : Les décisions prises au niveau du PIC ou de la direction ne sont pas mises en œuvre efficacement sur le terrain.
  • Décrochage concurrentiel : Une production désorganisée nuit à l’innovation, à la satisfaction client et donc à la compétitivité globale.

Une mauvaise coordination entre planification et ordonnancement revient à perdre le lien entre la vision stratégique et la réalité opérationnelle. Cela fragilise l’ensemble du système industriel. À l'inverse, une synchronisation fluide entre ces deux niveaux permet d’optimiser la performance globale, de renforcer la réactivité, et de sécuriser la promesse client.

 

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portrait de Laurent Simon Visiativ

Laurent SIMON

Senior Business Consultant chez Visiativ

 

Laurent aide les dirigeants industriels à donner de la valeur à leurs projets de transformation numérique depuis plus de 20 ans. C’est un véritable expert sur les sujets de la planification et de l’ordonnancement, ainsi que sur le PLM.

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